
Un rapport parlementaire récemment publié met en lumière les lacunes dans la prise en charge des mineurs étrangers non accompagnés (MENA) en France. La commission a révélé que les conditions d’accueil de ces jeunes, notamment en matière de logement, sont bien souvent précaires et inadaptées, en comparaison avec celles des jeunes Français sous la protection de l’État.
Des conditions de logement précaires
Selon le rapport, les conditions de logement des mineurs étrangers non accompagnés sont fréquemment parmi les plus précaires du système de protection de l’enfance. Ces jeunes étrangers, arrivant souvent sans parents ni tuteur, se retrouvent confrontés à un système d’accueil qui manque de ressources et qui ne leur garantit pas des conditions dignes.
Le rapport souligne également que les mineurs étrangers sont sur-représentés parmi ceux placés dans des hôtels sociaux. Bien que la loi Taquet de 2022 ait interdit depuis février 2024 le placement de mineurs, qu’ils soient étrangers ou Français, dans des hôtels, certains départements continuent d’utiliser ces structures de manière illégale.
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Inégalité dans le traitement des mineurs
Le rapport parlementaire met en évidence une disparité de traitement entre les mineurs étrangers et les jeunes Français sous protection. Ces derniers bénéficient généralement de meilleures conditions d’accueil, notamment en termes de logement et de soins. En revanche, les mineurs étrangers sont souvent confrontés à des structures inadéquates, comme les hôtels sociaux, qui les exposent à des risques d’exploitation par des réseaux criminels, de prostitution ou de travail illégal.
Cette situation a été qualifiée de “soins à bas coût” par les parlementaires, qui dénoncent un manque d’attention à l’égard de ces jeunes vulnérables, souvent sans repères, sans famille ni amis en France, et dont la seule ressource reste l’accueil minimaliste fourni par l’État.
Les procédures d’évaluation de l’âge et les conséquences pour les jeunes
L’un des défis majeurs pour les mineurs étrangers non accompagnés réside dans le processus d’évaluation de leur âge. À leur arrivée, les jeunes étrangers sont souvent soumis à des entretiens sommaires qui ne respectent pas toujours leurs droits fondamentaux. L’évaluation de leur minorité repose sur des indicateurs qui ne sont pas toujours objectifs, ce qui peut entraîner des erreurs d’appréciation.
Certaines personnes sont ainsi faussement déclarées adultes, ce qui les exclut du système de protection des mineurs et les laisse dans une situation de précarité extrême, souvent dans la rue, en attendant que leur situation soit réexaminée par un juge des enfants.
Le soutien des associations et le collectif Belleville Park
Dans ce contexte de précarité, des initiatives de soutien ont émergé, comme le Collectif de la Jeunesse de Belleville Park, formé en octobre 2023 pour venir en aide aux mineurs en attente de reconnaissance de leur minorité. Après l’évacuation violente du parc, le collectif a trouvé refuge à la Maison des Métallos, avant de s’installer récemment au théâtre de la Gaîté Lyrique. Toutefois, cette occupation a également été évacuée par la police en mars 2025.
Recommandations du rapport parlementaire
Pour remédier à cette situation, la commission parlementaire recommande de considérer les mineurs étrangers comme mineurs jusqu’à ce que le juge des enfants statue sur leur situation, afin qu’ils puissent bénéficier d’une prise en charge temporaire dès leur première entrevue. Ce principe a été défendu par des associations et des parlementaires de gauche, qui ont proposé un projet de loi pour garantir cette prise en charge immédiate des jeunes.
Conclusion
Le rapport parlementaire met en lumière une réalité inquiétante pour les mineurs étrangers non accompagnés en France. Si le pays a été plusieurs fois condamné pour ses lacunes dans la protection de ces jeunes, des mesures doivent être prises pour garantir que tous les mineurs bénéficient des mêmes droits et conditions de protection, indépendamment de leur origine ou de leur statut. Les recommandations du rapport visent à corriger ces inégalités et à offrir à ces jeunes des conditions de vie et de soins dignes de ce nom.
Cet article a été publié à l’origine sur : infomigrants