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La France traverse une période de chaos politique qui a conduit à une décision inattendue de l’agence de notation S&P Global : la dégradation de la note de crédit souveraine du pays, passant de AA- à A+. Cette décision, annoncée le 17 octobre 2025, survient dans un contexte d’instabilité politique sans précédent depuis plusieurs décennies, mettant en lumière les risques économiques et financiers croissants liés à la fragmentation politique et à la gestion des finances publiques françaises.
Une dégradation surprise liée à l’instabilité politique
Contexte et faits marquants
L’agence S&P a abaissé la note de la France en raison de l’incertitude politique profonde qui affecte le pays. Depuis trois ans, la France a connu six Premiers ministres successifs, un record dans l’histoire récente, accentuant la perception d’une instabilité durable. Le départ de Sébastien Lecornu après moins d’un mois en fonction le plus court mandat de Premier ministre contemporain — illustre ce climat tumultueux. Cette crise politique est accentuée par la suspension d’une réforme des retraites impopulaire de 2023 et plusieurs votes de défiance parlementaires contre le gouvernement « Cette situation est la pire instabilité politique depuis près de sept décennies » selon S&P.
Impact macroéconomique et financier
Le gouvernement français fait face à un endettement croissant avec une dette publique attendue à 121% du PIB d’ici 2028, contre 112% à la fin 2024. Le déficit budgétaire prévu pour 2025 s’élève à 5,4% du PIB, dépassant largement les seuils européens, tandis que le projet de loi de finances pour 2026 vise une réduction modeste à 4,7%. S&P souligne que sans mesures supplémentaires sérieuses de réduction du déficit, le chemin vers une consolidation budgétaire solide semble compromis.
La note dégradée expose la France à un coût d’emprunt plus élevé, ce qui peut freiner les investissements et la consommation, augmentant le risque de ralentissement économique, voire de hausse des faillites d’entreprises.
Réactions officielles et implications politiques
Déclarations des autorités françaises
Le ministre des Finances Roland Lescure a réagi en qualifiant cette dégradation de « rappel à la clarté et à la responsabilité ». Il a affirmé que le gouvernement reste déterminé à atteindre ses objectifs budgétaires et que l’adoption d’un budget cohérent est une responsabilité partagée entre l’exécutif et le Parlement. Il a appelé à une prise de conscience collective face aux enjeux financiers du pays.
Analyse des observateurs et agences de notation
Outre S&P, l’agence Fitch a récemment dégradé la note de la France, et Moody’s devrait prochainement rendre sa propre décision. Les agences partagent l’inquiétude quant à la fragmentation politique excessive qui entrave la capacité de la France à engager une consolidation budgétaire efficace et cela dans un contexte où la dépense publique atteint 57% du PIB, la plus élevée parmi les pays analysés.
Pierre Moscovici, ancien ministre des Finances et président de la Cour des comptes, a souligné que la France diverge négativement sur la réduction de la dette comparée aux autres pays européens, ce qui amplifie le risque de détérioration de la confiance des investisseurs.
Conséquences économiques et perspectives
Risques pour l’économie française
La dégradation pourrait entraîner une hausse des taux d’intérêt pour les emprunts publics, augmentant ainsi la charge de la dette et limitant les marges de manœuvre budgétaires. Cette situation nourrit un cercle vicieux d’insécurité financière et de ralentissement de la croissance, avec des risques accrus d’inflation et de chômage.
Nécessité d’une stabilité politique
L’enjeu majeur réside dans la capacité du gouvernement à rétablir une stabilité politique et à adopter sans délai des mesures budgétaires crédibles. Sans une telle évolution, la dégradation actuelle pourrait être le prélude à de nouvelles baisses de note, ce qui nuirait davantage à l’attractivité économique et financière de la France en Europe.
La dégradation surprise de la note souveraine française par S&P met en exergue le coût économique de la crise politique prolongée en France. Face à des niveaux d’endettement et de dépenses publics élevés, associés à une instabilité gouvernementale chronique, la France doit impérativement clarifier ses objectifs budgétaires et restaurer la confiance pour éviter un isolement financier en Europe. Ce défi dépasse la sphère politique et engage l’ensemble des acteurs économiques et sociaux du pays.