
Le Caire, 8 avril 2025 – Dans une avancée majeure vers la transition énergétique, l’Égypte et la France ont signé un accord d’une valeur de 7 milliards d’euros (soit 7,6 milliards de dollars) pour le développement d’un vaste complexe de production d’hydrogène vert et d’ammoniac. Ce projet d’envergure sera implanté près de Ras Shokeir, sur la côte de la mer Rouge.
Le protocole d’accord a été signé par Béatrice Buffon, présidente d’EDF Renouvelables, et Amr El-Sawaf, président de Zero Waste, aux côtés de hauts responsables du secteur de l’énergie en Égypte. Le projet sera entièrement financé et mis en œuvre par un consortium privé, sans engagement financier ni logistique de la part du gouvernement égyptien, comme l’ont précisé les ministères de l’Industrie et des Transports dans un communiqué commun.
Trois phases pour une production annuelle d’un million de tonnes
Le projet, structuré en trois phases, vise à produire jusqu’à 1 million de tonnes d’ammoniac vert par an, avec un démarrage prévu en 2029. La première phase nécessitera un investissement direct de 2 milliards d’euros pour une production initiale de 300 000 tonnes par an.
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Pour soutenir cette production verte, 368 km² de terres à Ras Shokeir ont été alloués pour l’installation de panneaux solaires et d’éoliennes, et 1,2 million de m² seront consacrés à la construction de l’usine industrielle intégrée. L’infrastructure comprendra également une jetée d’exportation de 400 mètres avec un tirant d’eau de 17 mètres, un corridor de transmission de 7 km, ainsi qu’une unité de dessalement dédiée.
Une coopération bilatérale renforcée
Ce partenariat stratégique intervient dans le contexte du renforcement des relations économiques entre l’Égypte et la France, marqué par la visite officielle du président Emmanuel Macron au Caire début avril. Lors de cette visite, Macron a participé au Forum économique franco-égyptien, où les discussions ont porté sur l’augmentation des investissements français en Égypte et l’approfondissement de la coopération dans les domaines de l’énergie renouvelable, des infrastructures et de l’industrie.
L’accord sur l’hydrogène vert constitue l’un des résultats les plus significatifs de cette visite et s’inscrit dans la volonté de l’Égypte de devenir un hub régional pour l’énergie propre et les exportations de carburants verts.
Un projet 100 % privé aux retombées nationales
Kamel El-Wazir, vice-Premier ministre égyptien chargé du développement industriel et ministre de l’Industrie et des Transports, a souligné que cette initiative reflète la qualité des relations entre les dirigeants et les peuples des deux pays. Il a insisté sur l’importance du projet dans le cadre de la stratégie nationale de localisation de l’industrie de l’hydrogène vert et de la transition vers une économie verte.
« Ce projet est unique par son modèle économique : il est entièrement mené par le secteur privé, sans utilisation des infrastructures publiques ni du réseau électrique national. Les coûts seront amortis sur 50 ans », a déclaré El-Wazir.
L’État égyptien bénéficiera de ce projet à travers des droits de licence, des redevances foncières, des taxes à l’exportation et autres impôts, tous versés en dollars américains.
Emploi local et développement industriel durable
Outre les retombées économiques directes, le complexe créera des milliers d’emplois pendant les phases de construction et d’exploitation. Le consortium s’est engagé à employer majoritairement de la main-d’œuvre égyptienne, avec un objectif de 95 % de participation locale. Des programmes de formation seront mis en place pour garantir l’acquisition des compétences nécessaires.
Le projet contribuera également à la fabrication locale de composants liés à l’énergie verte, comme les électrolyseurs, les panneaux solaires et les éoliennes, renforçant ainsi l’industrie égyptienne dans ce secteur d’avenir.
Une vision environnementale et stratégique
Cette initiative illustre la volonté de l’Égypte de s’affirmer sur la scène mondiale comme un acteur majeur des énergies renouvelables. Elle s’inscrit dans les engagements climatiques du pays dans le cadre de l’Accord de Paris et de la COP27, en offrant des alternatives durables pour les secteurs de l’énergie et de l’industrie, tout en préservant les réserves de gaz naturel.
Le ministre El-Wazir a également souligné l’importance stratégique de fournir du carburant vert aux navires transitant par le canal de Suez et de développer un nouveau port sur la mer Rouge sous l’autorité des ports de la mer Rouge, sans aucun coût pour le gouvernement.
Ce projet marque ainsi une étape décisive vers un avenir énergétique propre, durable et économiquement bénéfique pour l’Égypte et ses partenaires.
Cette actualité a été initialement publiée sur : arabnews.