
La France a publié le 29 mai 2025 un décret majeur modifiant la reconnaissance des diplômes médicaux étrangers, notamment ceux issus du Maroc, pays dont les médecins représentent une part importante des professionnels de santé en France. Cette réforme vise à simplifier et accélérer l’intégration des praticiens formés hors Union européenne tout en répondant aux besoins croissants en personnel médical. Cependant, elle suscite aussi des débats et inquiétudes parmi les médecins concernés. Voici tout ce qu’il faut savoir sur ces changements, leurs implications et les réactions qu’ils provoquent.
Une réforme majeure de la reconnaissance des diplômes médicaux étrangers en France
Le décret 2025-467 : un nouveau cadre pour les diplômes hors UE/EEE
Le décret 2025-467, publié au Journal officiel le 29 mai 2025, modifie profondément le processus de reconnaissance des diplômes médicaux, dentaires, de sage-femme et pharmaceutiques obtenus en dehors de l’Union européenne et de l’Espace économique européen (PADHUE). Il instaure une nouvelle procédure d’évaluation interne et ajuste les modalités d’autorisation provisoire d’exercice.
Cette réforme vise à faciliter l’accès à la pratique pour les médecins étrangers ayant déjà une expérience significative, notamment ceux qui travaillent en France dans des postes à responsabilité. Par exemple, les médecins ayant exercé au moins cinq ans dans certains territoires pourront désormais demander une autorisation complète après réussite à un examen, sans passer par une longue période d’internat d’évaluation.
Objectifs : pallier la pénurie de médecins et valoriser l’expérience
La France fait face à une pénurie croissante de professionnels de santé, particulièrement dans les hôpitaux publics. Les médecins formés à l’étranger représentent environ 14 % des praticiens en France, et les Marocains constituent l’un des groupes les plus nombreux, avec plus de 7 000 médecins exerçant dans l’Hexagone.
Le nouveau cadre entend ainsi reconnaître davantage les compétences acquises sur le terrain et réduire les délais d’intégration, tout en maintenant un contrôle de qualité via des examens de connaissances.
Le poids des médecins marocains dans le système de santé français
Statistiques clés
- Plus de 7 000 médecins marocains exercent en France, soit près de 20 % des médecins marocains dans le monde.
- Chaque année, environ 600 diplômés en médecine quittent le Maroc pour travailler à l’étranger, dont une majorité en France.
- Le Maroc compte environ 32 000 médecins pour une population de près de 37 millions d’habitants, avec un taux de diplômés annuels d’environ 1 200.
Contexte au Maroc : un système sous tension
Le Maroc fait face à une pénurie de professionnels de santé, aggravée par l’émigration de ses médecins. Pour y remédier, le pays a décidé de réduire la durée des études médicales de 7 à 6 ans et d’augmenter les capacités d’accueil dans les filières médecine, pharmacie et odontologie.
Par ailleurs, la reconnaissance automatique des diplômes français au Maroc facilite la mobilité académique et professionnelle entre les deux pays, renforçant ainsi les échanges dans le domaine médical.
Réactions et débats autour de la réforme française
Inquiétudes des médecins étrangers déjà en poste
Si la réforme est saluée pour sa volonté de simplification, elle suscite des réserves parmi les médecins étrangers, notamment ceux occupant des postes seniors. L’obligation de réaliser des stages d’évaluation, parfois dans des conditions jugées dévalorisantes, est perçue comme un frein et une remise en cause de leur expérience.
Certains professionnels craignent que ces exigences perturbent le fonctionnement des services hospitaliers, déjà sous tension, en mobilisant des praticiens expérimentés sur des tâches d’évaluation.
Position des autorités marocaines
Le gouvernement marocain, par la voix du ministre de l’Enseignement supérieur Abdellatif Miraoui, soutient la réforme française tout en poursuivant ses propres réformes pour renforcer la formation médicale nationale. Le ministre de la Santé Khalid Ait Taleb a également annoncé des mesures pour améliorer les conditions d’exercice au Maroc, notamment par des revalorisations salariales et des incitations pour retenir les médecins.
Une réponse aux besoins urgents de la santé publique en France
La réforme s’inscrit dans une stratégie plus large de la France pour attirer et intégrer les talents médicaux étrangers, notamment via des dispositifs comme le Passeport Talent Santé (2023-2026). Elle vise à répondre à la crise du personnel hospitalier en valorisant les compétences et en réduisant les délais d’accès à l’exercice.
Ce que les médecins marocains doivent retenir
- La reconnaissance des diplômes étrangers en France devient plus flexible, avec une évaluation interne et des autorisations provisoires adaptées.
- Les médecins ayant une expérience significative en France peuvent bénéficier d’une procédure accélérée.
- Malgré ces avancées, des stages d’évaluation restent obligatoires, ce qui peut poser des difficultés pratiques et professionnelles.
- Le Maroc poursuit ses réformes pour augmenter le nombre de médecins formés et améliorer les conditions d’exercice afin de limiter l’exode.
- La reconnaissance automatique des diplômes français au Maroc facilite la mobilité et les échanges entre les deux pays.
Cette réforme marque une étape importante dans la coopération franco-marocaine en matière de santé et dans la gestion des flux de professionnels médicaux. Elle illustre aussi les défis complexes liés à la reconnaissance des qualifications étrangères dans un contexte de pénurie mondiale de médecins. Les médecins marocains qui envisagent de travailler en France doivent désormais bien comprendre ces nouvelles règles pour optimiser leur parcours professionnel.