
Exxon Mobil, géant américain de l’énergie, a annoncé l’ouverture de négociations exclusives pour céder sa participation majoritaire dans sa filiale française Esso Société Anonyme Française (Esso SAF) à North Atlantic France SAS, pour un montant d’environ 400 millions d’euros. Cette opération stratégique, qui inclut notamment la raffinerie de Gravenchon, s’inscrit dans la volonté d’Exxon de réduire sa présence industrielle en Europe et de favoriser le développement d’activités plus durables sur le site normand.
Une cession stratégique d’un actif clé en France
La vente de la raffinerie de Gravenchon et des activités associées
Exxon Mobil détient 82,89 % du capital d’Esso SAF, qui exploite notamment la raffinerie de Gravenchon, l’une des six raffineries françaises. La transaction envisagée porte sur la cession de cette participation pour environ 400 millions d’euros (environ 350 millions de dollars), un prix susceptible d’être ajusté en fonction de la trésorerie disponible dans la filiale et des conditions finales de l’accord.
La finalisation de la vente est attendue pour le dernier trimestre 2025, sous réserve des autorisations réglementaires et des accords de financement nécessaires. Cette opération marque une étape importante dans la réorganisation d’Exxon en Europe, où le groupe a déjà cédé sa raffinerie de Fos à un consortium incluant Trafigura Group et envisage de vendre sa part dans le complexe pétrolier allemand Miro.
Maintien d’une présence commerciale en France
Malgré cette cession, Exxon prévoit de conserver une activité commerciale en France, notamment à travers un centre marketing qui continuera à distribuer des produits chimiques, des lubrifiants finis, des bases synthétiques et des produits de spécialité. La marque Esso restera visible dans environ 750 stations-service sur le territoire français. Par ailleurs, les contrats d’approvisionnement en brut pour la raffinerie de Gravenchon resteront en vigueur, assurant une certaine continuité dans la chaîne logistique.
Vers une transformation énergétique du site normand
Un projet de hub énergétique vert par North Atlantic France SAS
L’acquéreur, North Atlantic France SAS, ambitionne de transformer le site industriel de Gravenchon en un pôle énergétique vert. Exploitant les infrastructures existantes, ce projet vise à accélérer le déploiement des carburants bas carbone et des énergies renouvelables, en phase avec les objectifs français et européens de transition énergétique.
Cette initiative reflète les défis auxquels sont confrontées les industries énergétiques européennes, confrontées à des réglementations environnementales strictes et à une concurrence internationale accrue. La reconversion de sites industriels traditionnels en plateformes dédiées aux énergies propres apparaît comme une réponse stratégique à ces enjeux.
Contexte et implications pour Exxon Mobil en Europe
Réduction de l’empreinte industrielle européenne
La vente de la filiale française s’inscrit dans une stratégie plus large d’Exxon Mobil visant à réduire sa présence industrielle en Europe continentale. Outre la cession de la raffinerie de Fos, le groupe conserve néanmoins des opérations dans des sites clés comme Anvers, Rotterdam et Fawley (Royaume-Uni), où il exploite des raffineries et des hubs commerciaux essentiels.
Cette réorientation traduit une adaptation aux mutations du marché énergétique mondial, où la demande évolue vers des solutions plus durables et où les contraintes réglementaires se renforcent. Exxon Mobil semble ainsi privilégier une présence plus ciblée, tout en continuant à développer ses activités dans les secteurs chimiques et des lubrifiants, moins exposés aux fluctuations du raffinage traditionnel.
Réactions et perspectives
Exxon Mobil a souligné que le prix final et la conclusion de la transaction dépendront des conditions réglementaires et des accords financiers. Le groupe a également mis en avant la volonté de son futur partenaire de faire de Gravenchon un site pilote pour la transition énergétique, ce qui pourrait constituer un modèle pour d’autres reconversions industrielles en Europe.
Les analystes du secteur voient dans cette opération un signe clair de la transformation profonde du paysage énergétique européen, où les acteurs historiques doivent repenser leurs modèles pour rester compétitifs face aux exigences environnementales et économiques.