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Manifestations contre les abattages obligatoires de bovins au milieu de l’épidémie de dermatite nodulaire

French farmers protest over compulsory cattle culls amid disease outbreak

Credit: rfi.fr

Les agriculteurs français ont intensifié leurs manifestations ce 12 décembre 2025 contre les abattages obligatoires de troupeaux bovins décrétés face à une épidémie de dermatite nodulaire contagieuse (DNC), une maladie virale non transmissible à l’homme. Dans l’Ariège, les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes pour déloger des centaines de protestataires qui bloquaient un élevage à Les Bordes-sur-Arize, où 207 vaches de race Blonde d’Aquitaine ont été abattues. Ces actions s’inscrivent dans un mouvement plus large contre les réglementations perçues comme destructrices, avec des blocages à Agen et des menaces d’extension nationale.

Escalade des affrontements en Ariège et à Agen

Les tensions ont culminé jeudi soir dans l’Ariège, où des agriculteurs ont érigé des barricades et incendié des balles de foin pour empêcher l’abattage. Les gendarmes sont intervenus vers 23 heures, dispersant la foule et procédant à quatre interpellations, selon le ministre de l’Intérieur Laurent Nunez. Le préfet Jean Salomon a justifié l’opération par le risque de propagation de la maladie chez les manifestants eux-mêmes.

Blocages et actions symboliques

  • À Agen (Lot-et-Garonne), une soixantaine de tracteurs ont déversé du fumier et des pneus devant la préfecture et des bureaux d’emploi dans la nuit de jeudi à vendredi, sous l’égide des syndicats Coordination Rurale et Confédération Paysanne.
  • Dans les Pyrénées-Orientales voisines, un autre troupeau d’une vingtaine de bêtes est programmé pour abattage vendredi, mobilisant davantage d’agriculteurs.
  • Les protestataires dénoncent un rendez-vous préfectoral reporté, symbole d’un mépris administratif.

Ce mouvement fait écho à des actions antérieures : vandalisme du ministère de l’Agriculture à Paris le 2 décembre avec de la peinture rouge, et rassemblement à Perpignan en novembre avec cloches et jouets en forme de vaches.

Contexte de l’épidémie et mesures sanitaires

La DNC, apparue en France en juin 2025, est jugée “sous contrôle” par le ministère de l’Agriculture. Les règles imposent l’abattage total des troupeaux infectés, suivi d’une vaccination préventive, avec des zones de restriction de 3 km limitant les mouvements de bétail. Dans l’Ariège, comptant 33 000 bovins, 3 000 ont été vaccinés il y a un mois près d’anciens foyers dans les Pyrénées-Orientales.

Les syndicats locaux et la Chambre d’agriculture plaident pour un abattage ciblé des animaux malades seulement, couplé à une vaccination massive, proposition rejetée par le ministère. Des discussions sur une vaccination généralisée sont en cours, tandis que la France a durci ses règles le 12 décembre et élargi les zones de vaccination au milieu des protestations.

Ce tableau résume les protocoles contestés, soulignant les divergences entre autorités et terrain.

Réactions syndicales et déclarations incendiaires

Les leaders syndicaux ne mâchent pas leurs mots. José Pérez, de Coordination Rurale Lot-et-Garonne, affirme : “Nous protestons depuis deux ans. Rien n’a changé. 10% des agriculteurs (500 exploitations) au bord de la faillite, 75% en grande difficulté.” Il accuse l’État de “mépris”.

  • Coordination Rurale qualifie la préfète d'”irresponsable” et la ministre de l’Agriculture Annie Genevard de “pompière pyromane”. Exigences : moratoire de 10 ans sur les réglementations, suppression d’agences.
  • Confédération Paysanne dénonce des “politiques destructrices” ruinant fermes, vies et territoires, appelant à un soutien citoyen.
  • Bertrand Vau, de Coordination Rurale, se félicite d’un délai obtenu : “La mobilisation paie.” Il prône vaccination massive et union syndicale.
  • Arnaud, président de la FNSEA, alerte sur les hausses de prix de la viande mais réclame des zones de vaccination étendues.

Les parlementaires s’opposent aux abattages massifs, réclamant une révision des politiques. Les agriculteurs menacent de représailles, comme l’a averti Eric Brunel en novembre.

Enjeux plus larges : souveraineté alimentaire et commerce

Ces manifestations s’inscrivent dans un contexte de ras-le-bol face aux accords commerciaux comme le Mercosur, rejeté par la France. Les protestataires lient la crise à une perte de souveraineté alimentaire et à des réglementations européennes excessives. Le gouvernement, sous pression, discute vaccination accrue tout en maintenant les abattages pour circonscrire l’épidémie.

L’atmosphère est explosive : incendies, gaz lacrymogènes, blocages routiers. Avec des centaines de manifestants mobilisés et des interpellations, le mouvement pourrait s’étendre, menaçant la stabilité rurale. Les autorités appellent au calme, mais les syndicats promettent d’intensifier les actions si les revendications ne sont pas entendues.

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