La France s’apprête à vivre un événement historique lors de la Vigile pascale du 19 avril 2025 : pas moins de 17 800 catéchumènes recevront le sacrement du baptême. Selon une enquête annuelle du Service national du catéchuménat de la Conférence des évêques de France, cela comprend 10 384 adultes et plus de 7 400 jeunes âgés de 11 à 17 ans. Ce chiffre représente une augmentation de 45 % par rapport à 2024, établissant un nouveau record depuis la création de cette enquête en 2002.
Pour Mgr Olivier de Germay, archevêque de Lyon et responsable du catéchuménat, il ne s’agit pas d’un simple effet de mode, mais d’une véritable dynamique spirituelle. Dans un commentaire publié avec l’enquête, il parle d’un “signe du Ciel” à interpréter profondément.
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La jeunesse en première ligne
Cécile Eon, déléguée nationale au catéchuménat adulte, a souligné lors d’une conférence de presse à Paris le 10 avril que les jeunes adultes âgés de 18 à 25 ans sont désormais le groupe le plus représenté, formant 42 % des catéchumènes adultes. Ils surpassent désormais les 26-40 ans, qui constituaient historiquement la majorité.
Côté adolescents, Catherine Lemoine, déléguée nationale pour la pastorale des jeunes de 11 à 17 ans, observe un changement d’échelle : “Là où il y avait cinq à sept jeunes par groupe, ils sont aujourd’hui parfois 20, 50, voire plus.” Elle explique cet engouement par des interrogations existentielles liées à des situations familiales difficiles ou à des événements personnels marquants. “Ils trouvent dans l’Évangile des réponses et frappent à la porte de l’Église.”
Des raisons profondes et personnelles
Un contexte sociétal instable comme déclencheur
Catherine Chevalier, responsable de la proclamation de la foi à la Conférence des évêques, souligne que cette vague de conversions n’est pas uniquement due à des tendances sociales. Le climat anxiogène, marqué par la pandémie de COVID-19 et les conflits mondiaux, a sans doute contribué à cette quête de sens. Mais pour elle, le parcours reste avant tout personnel et spirituel, souvent ancré dès l’enfance.
Les réseaux sociaux et influenceurs catholiques jouent un rôle, surtout chez les 15-25 ans. Pourtant, “ces jeunes ne veulent pas rester dans le monde virtuel”, précise Chevalier. Ils cherchent une communauté, des rites, une fraternité concrète et spirituelle.
Témoignages du terrain
À Versailles, Hubert Boüan, responsable local des catéchumènes, témoigne d’une hausse constante : “Nous avons eu quatre baptêmes à Pâques l’an dernier, huit cette année, et une douzaine prévus l’année prochaine.” Il note que 80 % des jeunes viennent de familles déstructurées, mais beaucoup évoquent des souvenirs de foi liés à leurs grands-parents.
Selon l’enquête, 52 % des adultes baptisés cette année viennent de familles autrefois chrétiennes, cherchant à renouer avec une tradition spirituelle enfouie.
Des dispositifs pastoraux renforcés
Outre les catéchumènes, beaucoup de baptisés dans l’enfance sans formation chrétienne reviennent pour recevoir la confirmation à la Pentecôte. En 2024, 9 000 adultes ont été confirmés, plus du double qu’en 2022. À Versailles, une deuxième cérémonie a même été programmée en novembre pour répondre à l’afflux.
Pour accompagner cet élan, les diocèses s’appuient sur des initiatives comme le FRAT, grand rassemblement de jeunes à Lourdes. En 2025, 13 500 jeunes y participeront, contre 9 000 en 2024. Ce cadre festif et spirituel attire de plus en plus les catéchumènes.
Les évêques de France prévoient aussi de placer les jeunes au cœur des pèlerinages à l’occasion du Jubilé de la Jeunesse à Rome, du 28 juillet au 2 août 2025.
Un défi pour l’Église : former les accompagnateurs
Face à l’augmentation des demandes, l’Église doit former davantage de responsables de parcours. En 2025, ils sont 31 % de plus qu’en 2024, mais cela reste insuffisant. La majorité sont des laïcs engagés, mais les diocèses lancent un appel général pour renforcer les équipes.
Mgr de Germay conclut avec espoir : “Les anciens baptisés redécouvrent leur foi à travers le témoignage des nouveaux venus. Tous en sortent enrichis.”
Cet article a été initialement publié sur: detroitcatholic
