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Le 6 octobre 2025, la Bourse de Paris a enregistré une nette baisse, conséquence directe de la crise politique s’aggravant en France. La démission surprise du Premier ministre Sébastien Lecornu a provoqué une onde de choc parmi les investisseurs, qui ne voient aucune solution rapide à la fragmentation du Parlement et aux difficultés économiques du pays. Cette situation accentue les incertitudes financières et économiques d’un pays déjà fragilisé.
Une chute significative des marchés français
Baisse du CAC 40
L’indice phare de la Bourse parisienne, le CAC 40, a perdu environ 1,05% pour clôturer à 7 971 points, en baisse de près de 85 points par rapport à la veille. Cette chute reflète l’ampleur de l’inquiétude des investisseurs face à la crise politique et économique persistante. Le CAC 40 avait même touché un point bas intrajournalier à 7 909 points avant une légère reprise.
Secteurs particulièrement impactés
Les grandes valeurs bancaires ont été particulièrement touchées : Société Générale a chuté de 5,3%, Crédit Agricole de 4% et BNP Paribas de 4,2%, illustrant la crainte des investisseurs face à l’instabilité politique et son impact sur la confiance économique. Le secteur de l’énergie a également souffert, Veolia perdant 3,6% et ENGIE 3,1%.
D’autres groupes industriels comme Renault ont vu leur action reculer de plus de 3%, après les annonces de suppressions d’emplois, accentuant un climat économique morose. À l’inverse, Total Energies et Stellantis ont évité la dégringolade, grimpant respectivement de 0,75% et 2%.
Fragilité économique et politique
Un contexte économique délicat
La France fait face à des défis majeurs : un déficit budgétaire proche de 6% du PIB, soit le double de la limite imposée par l’Union européenne, et une dette publique qui inquiète les marchés. L’écart croissant entre les rendements des obligations françaises et allemandes, qui s’est élargi à 85 points de base, reflète une hausse du coût d’emprunt de l’État français.
Par ailleurs, des indicateurs économiques récents, tels qu’un recul de l’activité dans le secteur de la construction en septembre 2025, confirment une dynamique économique affaiblie.
Une crise politique qui perdure
La démission éclair de Sébastien Lecornu, nommé Premier ministre il y a seulement 26 jours, est l’illustration la plus récente d’un gouvernement en proie à une grave instabilité. Depuis 2022, la majorité présidentielle a perdu sa capacité à gouverner efficacement, face à un Parlement divisé en plusieurs blocs incompatibles. Cette configuration rend l’adoption des budgets d’austérité et des réformes indispensables extrêmement difficile.
Les réactions politiques sont vives : Olivier Faure, chef du Parti socialiste, menace de faire obstacle à tout gouvernement qui ne romprait pas avec les politiques de Macron, renforçant les blocages au Parlement.
Réactions des marchés et des acteurs politiques
Craintes des investisseurs
Les investisseurs expriment leur nervosité grandissante, voyant dans cette crise politique un frein majeur à la stabilité économique. Le secteur bancaire, fortement exposé aux risques liés à la politique, reflète dans ses pertes les doutes quant à la gestion future de l’économie française.
Points de vue politiques
À gauche, l’opposition radicale dénonce un manque de leadership et une absence de vision claire de la majorité présidentielle pour sortir de l’impasse. À droite, certains appellent au départ de Macron, qu’ils jugent responsable de cette situation prolongée. Marine Le Pen, présidente du Rassemblement National, qualifie cette crise de “farce”, mettant en cause la capacité du président à gouverner.
Les ministres du gouvernement, quant à eux, expriment leur déception face à la tournure politique et insistent sur la nécessité d’une collaboration entre partis pour retrouver une gouvernance stable.
Perspectives : quelles solutions pour sortir de la crise ?
Nouvelles nominations et recompositions
Macron pourrait choisir de nommer un nouveau Premier ministre, mais trouver un candidat capable de rassembler une majorité fragile au Parlement semble extrêmement ardu. Lecornu laissera derrière lui un précédent de gouvernement breakeur, éphémère et inefficace.
Dissolution du Parlement ou élections anticipées
La dissolution risque d’entraîner une élection anticipée, avec un risque élevé de succès pour le Rassemblement National, que Macron cherche à éviter à tout prix. Cette option semble ainsi peu probable mais reste sur la table.
Enjeux à court terme
L’absence de majorité claire menace la capacité de la France à adopter un budget rigoureux et à gérer efficacement ses dettes et déficits, ce qui pourrait aggraver la pression des marchés.
À moyen terme, cette crise pourrait avoir un impact majeur sur la présidentielle de 2027, fragilisant la position de Macron, qui fait face à une opposition renouvelée et déterminée.
La chute du CAC 40 et l’aggravation de la crise politique soulignent l’ampleur des défis auxquels la France est confrontée : un gouvernement affaibli, une économie fragile et une recomposition politique incertaine. Face à un paysage parlementaire fragmenté, la quête d’une solution politique stable s’annonce complexe et déterminante pour l’avenir économique et social du pays.