
Alors que l’élection présidentielle française ne se tiendra qu’en avril et mai 2027, le paysage politique commence déjà à se dessiner. L’absence d’Emmanuel Macron, constitutionnellement empêché de briguer un troisième mandat consécutif, et la suspension de Marine Le Pen pour cinq ans bouleversent les équilibres traditionnels et ouvrent la voie à de nouveaux visages et alliances.
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Le centre : la succession de Macron est lancée
Édouard Philippe, favori des sondages
Ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron, Édouard Philippe semble se positionner comme le successeur naturel au centre. Depuis son éviction en 2020 – selon certaines rumeurs, en raison de sa popularité croissante – il a fondé son propre parti, Horizons, tout en conservant la mairie du Havre. Toujours en tête des personnalités politiques préférées des Français, il pourrait bien incarner une continuité sans Macron.
Gabriel Attal, le jeune dauphin ambitieux
À 36 ans, Gabriel Attal est devenu le premier Premier ministre ouvertement homosexuel de l’histoire française en 2024. Proche de Macron, il a récemment tenu un meeting à Saint-Denis, promettant un « avant-goût » de sa campagne présidentielle, sans entrer dans les détails. Populaire dans l’opinion publique, il devra néanmoins composer avec l’impopularité de son mentor.
Autres figures centristes en lice
François Bayrou, actuel allié de Macron et figure historique du centrisme, envisage une quatrième tentative à la présidentielle. Gérald Darmanin, ministre de la Justice au profil plus à droite, réfléchit aussi à se lancer dans la course.
Le grand inconnu reste la méthode de désignation du candidat au sein du parti présidentiel Renaissance (ex-LREM), qui n’a jamais eu à organiser de primaires depuis sa création en 2016.
L’extrême droite : incertitude autour du RN
Le Pen écartée… pour l’instant
Marine Le Pen, cheffe du Rassemblement National, a vu ses ambitions stoppées net par une décision de justice la frappant d’une inéligibilité de cinq ans pour détournement de fonds. Bien qu’elle conteste cette décision, son avenir politique est incertain.
Jordan Bardella, l’héritier naturel ?
Le jeune président du RN, Jordan Bardella, 29 ans, est pressenti pour la remplacer. Certains analystes estiment qu’il pourrait même rassembler davantage que Le Pen, mais celle-ci juge qu’il « n’est pas prêt ».
Zemmour et Maréchal à l’affût
Éric Zemmour, polémiste et candidat malheureux en 2022, pourrait revenir sous la bannière de son parti Reconquête, peut-être concurrencé par Marion Maréchal, nièce de Marine Le Pen.
La gauche : unifiée ou morcelée ?
Mélenchon et les autres
Jean-Luc Mélenchon, trois fois candidat, n’exclut pas une nouvelle tentative. Mais plusieurs voix émergent pour une candidature unique de la gauche, notamment celle du député François Ruffin, également documentariste. Son film de 2024, Au Boulot, sur les travailleurs précaires, a renforcé sa visibilité.
Raphaël Glucksmann, tête de liste socialiste aux européennes, incarne une alternative plus centriste. Reste à savoir si les partis de gauche – PS, Verts, PCF, LFI – réussiront à s’unir, contrairement à 2022 où six candidatures les ont éparpillés.
Le retrait de Poutou
Philippe Poutou, candidat trotskiste à trois reprises, a annoncé qu’il ne se représenterait pas et ouvrirait une librairie à Bordeaux. Nathalie Arthaud pourrait reprendre le flambeau à l’extrême gauche.
La droite traditionnelle : en quête de renouveau
Les Républicains en perte de vitesse
Le parti historique de droite, Les Républicains, peine à se relever électoralement. Néanmoins, plusieurs figures s’y préparent : Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand et Bruno Retailleau pourraient tenter de représenter la droite classique, bien que celle-ci peine à se distinguer de l’extrême droite sur certains sujets.
Un scrutin incertain mais crucial
À deux ans de l’échéance, la présidentielle de 2027 s’annonce comme l’une des plus ouvertes de la Ve République. Entre recompositions idéologiques, départs contraints et nouvelles figures, les électeurs français auront un large éventail de choix – et un paysage politique plus fragmenté que jamais.
Les prochains mois seront cruciaux pour les prétendants à l’Élysée, qui devront clarifier leurs ambitions, se positionner sur les grandes questions sociales, économiques et internationales, et surtout convaincre un électorat désabusé par les crises successives.
Cet article a été initialement publié sur: thelocal